Le jeudi 22 mai 2025, le monde du doublage français a perdu l’un de ses piliers. Éric Legrand, immense comédien et doubleur au timbre inimitable, s’est éteint à l’âge de 72 ans, emporté par un myélome contre lequel il se battait courageusement depuis 2017. L’annonce, poignante, a été faite par son ami de toujours, Patrick Borg, la voix française de Son Gokû. Comme une dernière révérence entre Saïyens.
Dans l’univers foisonnant de l’animation japonaise, Éric Legrand n’était pas une voix. C’ était une constellation. Végéta, bien sûr, ce puissant prince guerrier, fier et tourmenté, dont la rage contenait toute une palette d’émotions humaines, mais aussi Seiya, le Pégase flamboyant des Chevaliers du Zodiaque, ou encore l’élégant et tragique André Grandier dans Lady Oscar. Autant de rôles devenus mythiques, tant sa voix savait faire vibrer l’âme des personnages et, avec eux, celle des spectateurs.
Mais l’homme aux mille voix ne s’est pas limité aux mondes imaginaires. Il a aussi prêté son souffle à des acteurs de chair et de sang, des figures du grand écran comme Owen Wilson dans The French Dispatch, Billy Zane dans Titanic ou Tom Hanks, qu’il a incarné dans plusieurs films avec une justesse rare. De la poésie des studios Ghibli à l’intensité dramatique des blockbusters américains, Éric Legrand dansait entre les émotions, tel un funambule du verbe.
Et dire que rien ne le prédestinait à cette vie d’art. Jeune, il se rêvait médecin. Mais en terminale, il bifurque, choisit un bac littéraire, comme un signe. Quelques années plus tard, il entre au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, foule les planches, s’illustre à la radio, dans la pub… Mais c’est dans le doublage qu’il trouve son royaume. Sa voix, son outil, devient son arme, son identité, son empreinte.
Pendant plus de quarante ans, Éric Legrand nous a accompagnés, guidés, bouleversés. Il a été la voix de nos enfances, de nos adolescences, de nos passions d’adultes. Un phare vocal dans la tempête du quotidien.
À sa famille, à ses proches, à tous ceux qu’il a inspirés, nous adressons nos plus sincères condoléances. Et à toi, Éric, merci. Pour les frissons, les larmes, les sourires. Tu es parti, mais ta voix, elle, ne s’éteindra jamais.