Il y a tout juste un mois, le 3 décembre 2022, était célébrée partout dans le monde la journée internationale des personnes handicapées. Celle-ci a pour but de promouvoir les droits et le bien-être des personnes handicapées et d’améliorer leur inclusion dans la vie politique, sociale, économique et culturelle. À l’occasion des Jeux Paralympiques de Paris qui se dérouleront entre août et septembre 2024, les initiatives se multiplient afin de mettre sur le devant de la scène les différents handisports trop souvent laissés de côté. Cependant, certains visionnaires et artistes engagés, à l’image du mangaka Takehiko Inoue, se battent déjà depuis des années afin d’amener à une prise de conscience collective du sujet. Dans ce dossier, le Mag’ison abordera le manga Real et dressera en parallèle un portrait de la scène handibasket nipponne.
Il suffit d’assister une fois à un match de handibasket pour se rendre compte que ce sport collectif, variante en fauteuil roulant du basket pour les personnes handicapées, se pratique à un rythme aussi endiablé que le basket valide ! Les joueurs parcourent le terrain dans tous les sens à toute allure, leurs pneus crissent sous l’effet de violents changements de direction, ils effectuent des passes et marquent des paniers impressionnants, rentrent en collision, se relèvent… Toute cette réalité, Takehiko Inoue s’en est saisi et l’a scellée sur papier à partir de la première prépublication de son histoire le 11 novembre 1999. Cependant, il ne s’est pas contenté de présenter l’aspect “sportif”puisqu’il a bâti une histoire autour de récits personnels de trois protagonistes dont les destins vont se croiser et se mêler.
D’abord, Kiyoharu Togawa, étoile montante de la course, contraint de mettre un terme à son rêve à cause d’une maladie qui lui a coûté l’une de ses jambes. Il intègre une équipe de handibasket mais peine à s’intégrer du fait de son caractère difficile. Ensuite, Hisanobu Takahashi, ancien lycéen populaire et leader de son équipe de basket qui s’est fait renverser par un camion et se réveille paralysé à vie. Pour finir, Tomomi Nomiya, un voyou venant du même lycée que Takahashi, traumatisé par un accident dont il est en partie responsable ayant coûté ses jambes à une adolescente. Dans cette fable des épreuves de la vie, l’auteur expose de manière crue les rêves brisés, les échecs, blocages, éternels retours en arrière mais aussi que chaque chemin, aussi difficile soit-il, peut mener à l’espoir.
Présent de manière officielle depuis les Jeux Paralympiques de Rome en 1960, le handibasket a connu un essor important, notamment au Japon grâce à quelques personnalités. Parmi elles, Kozai Hiroaki, joueur de handibasket ayant fait ses débuts dans l’équipe nationale japonaise junior avant de partir pour les États-Unis où il remporte le championnat national en 2010 ainsi que le titre de MVP durant deux saisons consécutives. De nos jours, c’est un ambassadeur engagé qui œuvre dans le monde entier pour l’émancipation des personnes handicapées par le biais du sport. Une problématique à laquelle est aussi sensible le gouvernement nippon, comme en témoigne la vidéo publiée sur son site Internet en 2021 présentant des anciens athlètes paralympiques qui encouragent l’intégration sociale des personnes handicapées grâce au sport.
Real, rarement un manga n’aura aussi bien porté son nom. Une œuvre “réelle” qui s’inscrit avec justesse dans son époque et aborde la question du handicap avec pertinence et émotions.