Écouter avec son cœur
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Écouter avec son cœur

Faire découvrir à ses lecteurs des œuvres qui sortent des sentiers battus et racontent autre chose que ce qu’on a l’habitude de lire, tel est l’un des objectifs du Mag’ison. Publié entre 1991 et 1993, le manga L’Orchestre des doigts dont nous allons vous parler présente une histoire fascinante à la croisée des chemins entre le monde des personnes handicapées et valides. Aiguisez vos sens et ressentez aujourd’hui la magie de ce sein en atypique !

Né de l’esprit d’Osamu Yamamoto, les quatre tomes de ce récit nous font remonter le temps en l’an 1914 dans le quotidien d’un jeune adulte du nom de Takahashi. Ayant étudié la musique toute sa jeunesse dans le but de devenir un jour chef d’orchestre, certaines circonstances le contraignent à laisser tomber son rêve et à travailler en tant que professeur dans une école pour enfants aveugles et sourds-muets à Osaka. Cependant, ce qu’il pensait être pour lui un calvaire va devenir une incroyable aventure humaine…

L’élément déclencheur des changements qui vont survenir chez Takahashi est sa rencontre avec Issaku. Élève sourd-muet violent et très replié sur lui-même, il refuse tout contact et s’enferme dans sa bulle. L’enjeu pour le héros est de réussir à le faire s’ouvrir au monde qui l’entoure, mais pour cela, son challenge est d’abord de réussir à communiquer avec lui. C’est là que l’on tient un élément saisissant à la lecture du manga : son réalisme. Né en 1954, le mangaka de l’œuvre a grandi avec le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale. Cette période étant déjà compliquée pour les personnes valides, il s’est interrogé sur ce à quoi pouvait ressembler le quotidien des personnes handicapées qui étaient souvent laissées pour compte. Ainsi, il choisit d’axer ses recherches sur les écoles pour enfants aveugles et sourds-muets pendant la Grande Guerre entre 1914 et 1918. Ainsi, Osamu Yamamoto a puisé dans des histoires vraies d’écoliers de l’époque pour apporter à son récit un côté réaliste. L’histoire décrit tout le processus d’apprentissage de la langue des signes par les jeunes sourds-muets japonais ainsi que la lutte qui faisait rage entre deux méthodes d’enseignement : la langue des signes et la méthode oraliste. Cette dernière tend à enseigner la langue orale aux personnes sourdes en leur apprenant à s’exprimer verbalement. À l’époque où se déroule le manga, quasiment toutes les écoles japonaises spécialisées interdisaient le langage des signes aux élèves alors que la méthode oraliste n’était efficace que sur 20 à 30 % des élèves. Et justement, dans le récit, Takahashi va proposer à chaque élève une méthode d’apprentissage différente afin de s’adapter à leurs besoins spécifiques.

Les journées de cours des élèves sont très immersives et nous font découvrir que ces écoliers ont une manière d’appréhender le monde qui leur est propre. Comme ils sont privés d’un ou deux sens, ils ressentent de manière beaucoup plus forte les émotions et ce point est très bien retranscrit dans les pages. Au fil des planches, le héros et Issaku s’adoucissent. Takahashi apprend la patience et développe son sens de l’écoute tandis que son élève s’ouvre progressivement au monde. Une relation développée avec finesse tout le long des quatre tomes de l’histoire.

Ce manga émouvant saura faire fondre les plus solides cœurs de glace !

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