Entre bien et mal William James Moriarty
Crédits : Shueisha

Entre bien et mal William James Moriarty

Alors que les premiers mangas faisaient la part belle aux héros au sens le plus strict du terme, à savoir des protagonistes vertueux, courageux, animés de bonnes intentions, les œuvres plus contemporaines nous dévoilent de plus en plus un autre archétype : celui de l’anti-héros. Antagoniste emblématique issu de l’univers de Sherlock Holmes imaginé par sir Arthur Conan Doyle, William James Moriarty est un personnage qui n’a cessé d’inspirer les auteurs contemporains, bien qu’il soit apparu en 1893. À travers les sombres ruelles de Londres, le Mag’ison retrace pour vous l’itinéraire de celui que l’on surnomme « le génie du crime ».

Moriarty tient le rôle vedette dans le manga Moriarty the Patriot démarré en 2016 écrit par Ryosuke Takeuchi et illustré par Hikaru Miyoshi. Sa personnalité complexe et ses motivations intrigantes font de lui un personnage aux multiples facettes et secrets, tout comme le souhaitait son auteur. En effet, Ryosuke Takeuchi a expliqué au cours d’interview que son objectif était de présenter aux lecteurs Moriarty sous un nouvel angle en montrant les évènements qui ont forgé sa personnalité et l’ont conduit à devenir le génie criminel que nous connaissons. Il a également insisté sur un autre aspect essentiel selon lui : sa volonté d’explorer en profondeur la dualité morale du personnage . En effet, les motivations de Moriarty sont profondément enracinées dans les inégalités sociales et la corruption qui sévissent dans la société victorienne et ce dernier cherche à renverser l’ordre établi en défendant les droits des moins favorisés. Sa vision de la justice, bien qu’elle puisse sembler extrême, est alimentée par un sentiment de révolte face à l’injustice systémique et par une vengeance qu’il compte mener à bien. Pour exécuter ses plans, il use de son esprit brillant pour orchestrer des scénarios complexes mettant à profit sa maîtrise de l’art de la manipulation

Cette caractéristique est particulièrement mise en lumière dans l’arc narratif où Moriarty se retrouve confronté à un aristocrate cruel qui tyrannise son domaine et opprime ses locataires. Au lieu de recourir à la violence directe, Moriarty décide de jouer avec les faiblesses de l’aristocrate pour le détruire de l’intérieur. Il procède méthodiquement en enquêtant d’abord discrètement sur la vie privée de l’aristocrate jusqu’à découvrir que celui-ci entretient une liaison secrète avec une femme mariée. Il se sert ensuite de cette information pour manipuler les événements de manière à ce que la liaison soit exposée au grand jour et il s’assure que cette révélation ait des conséquences dévastatrices pour l’aristocrate. Ainsi, le prince des stratèges a réussi à détruire sa vie, son mariage, sa réputation, et ce, tout en restant dans l’ombre et en sollicitant ses complices. Bien que sa manière de faire puisse paraître cruelle, il est à chaque fois animé par son désir de justice sociale. Le mystérieux jeune homme n’hésite pas à prendre sous son aile les personnes marginalisées et exploitées en leur offrant un refuge et de l’attention. C’est ainsi qu’il parvient à rassembler à ses côtés une équipe de jeunes prodiges aux compétences diverses qui sont tous tombés sous le charme de son charisme. Entre bien et mal, la frontière est floue quant aux actions de Moriarty mais une chose est sûre : il se bat bec et ongles pour ses idéaux.

« Si ni la justice ni la police ne s’occupent de lutter contre le crime… Alors c’est qu’elles font partie du mal lui-même. Et partout où il y a le mal, nous intervenons »

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