Parmi les légendes de la mythologie grecque, celle de Midas est probablement l’une des plus connues. Ce roi phrygien, qui reçut de la part du dieu Dionysos le don de changer tout ce qu’il touchait en or, inspira de nombreux auteurs à travers le monde à commencer par la jeune Yaa Nana, 31 ans, qui est l’une des figures les plus productives de la scène manga allemande. Dans son œuvre Goldfish parue en 3 tomes entre 2016 et 2020 aux éditions “Nobi Nobi !”, la mangaka place même le mythe au cœur de son histoire. Prenez une grande inspiration car notre journal Mag’ison vous emmène à la découverte d’un monde englouti aux secrets dorés…
Le héros de Goldfish, qui signifie “poisson rouge”, se nomme Morrey Gibbs. C’est un jeune pêcheur qui vit dans un monde ayant la particularité d’être inondé et dans lequel les animaux ont muté en d’étranges créatures que l’on nomme “anomaux” (et non pas “animaux”). Et pour ne rien arranger, tout un tas d’artefacts magiques considérés comme des trésors sont disséminés çà et là au fond des océans et de nombreux pirates peu scrupuleux tentent de mettre la main dessus. Le jour où Morrey va entrer en contact avec l’un d’eux, sa vie va changer du tout au tout puisque tout ce qu’il touche se transforme désormais… en or ! C’est pour mettre un terme à ce pouvoir qui est devenu pour lui une malédiction que le héros va tout quitter à la recherche de réponses.
Manga d’aventures se déroulant dans un monde fantastique, Goldfish a fait partie des meilleurs lancements en Allemagne en 2016 pour de nombreuses raisons. D’abord sur la forme, le récit respecte tous les codes du shōnen : le héros possède un tempérament d’aventurier, il a un but bien défini à atteindre, a un rapport avec son père compliqué, s’entoure de compagnons d’armes, etc… Et tous ces codes bien respectés permettent à l’histoire de se démarquer par l’originalité de son univers qui s’apparente à un monde post-apocalyptique/fantasy rempli de magie. Ce côté féerique est renforcé par le trait de Yaa Nana qui confère aux personnages qu’elle dessine un côté très enfantin et dynamique. Un style tape-à-l’œil adapté pour attirer les plus jeunes lecteurs à découvrir le manga ! Cependant, ne vous méprenez pas, même s’il semble à l’origine assez simple, le pitch de l’œuvre s’enrichit d’intrigues plus complexes au cours des trois tomes.
Ce qui saute également aux yeux à la lecture est le soin tout particulier apporté par la mangaka à la relation entre les membres de la bande principale sur laquelle se focalise l’histoire. Des personnages tels que Loutra, la fidèle loutre mutante de Morrey, ou encore Shelly, la génie de l’invention, apportent du piment à l’histoire car leurs personnalités sont très complémentaires. Pour la dynamique du groupe, l’auteur déclare s’être inspirée de Digimon tandis qu’elle a été puiser dans Inuyasha et Ranma ½ pour le côté comédie et fantaisie. Quant à l’idée d’inclure des personnages avec une gueule d’ange mais qui possèdent une force colossale, elle lui a été inspirée par Hunter X Hunter. Enfin, le manga ne se contente pas de faire de nombreuses références à des créatures ou objets mythologiques : il soulève de vraies questions sur le rapport à la richesse matérielle qui peut s’avérer futile si on néglige sa richesse intérieure. Ainsi, Morrey, qui à la base adorait son pouvoir car il pouvait lui apporter la richesse immédiate, se mit à le haïr car celui-ci lui attirait plus de souffrance que de joie en l’isolant d’autrui.
Avec en prime quelques pages couleurs sublimes au cœur de son premier volume, Goldfish a tout du manga rare et précieux à découvrir sans attendre !