Que vous soyez un mordu de musique, quelqu’un qui n’apprécie les chansons que de temps en temps ou encore que ce n’est pas du tout votre tasse de thé, vous pourrez tous trouver dans Beck une note qui vous emportera et vous poussera à lire ses 34 tomes. C’est entre 1999 et 2008 que cette œuvre de Harold Sakuishi fut prépubliée dans le Monthly Shōnen Magazine appartenant à la Kōdansha. Allumez votre chaîne Hi-Fi et mettez le meilleur morceau Rock de votre répertoire car le Mag’ison revient aujourd’hui sur la partition du manga Beck !
L’histoire nous plonge dans le quotidien d’un ado de 14 ans appelé Yukio Tanaka qui n’a pas la vie facile. Régulièrement victime de voyous qui l’ont pris en grippe, il est en plus souvent la risée de ses camarades de classe à cause de sa maladresse et pour couronner le tout, il s’ennuie à mourir. Cependant, son quotidien morose va être illuminé par une rencontre fortuite, celle de Ryûsuke Minami qui est de deux ans son aîné. Ce dernier est en tout point l’inverse du héros : sûr de lui, ayant du succès avec les filles mais surtout un guitariste de génie fondateur du groupe Beck qui s’appelle ainsi en hommage à son chien portant le même nom. C’est à cet instant que commence le grand plongeon de Yukio dans le monde de la musique…
D’entrée de jeux, on comprend que le mangaka est un véritable passionné de rock et qu’il utilise toutes ses connaissances sur les instruments, titres phares, grands groupes et sa culture musicale pour immerger les lecteurs dans son histoire. Cela transparaît d’abord au niveau du dessin des instruments qui est l’un des éléments clé du manga auquel l’auteur apporte un soin tout particulier. Oui car comme les protagonistes sont des musiciens, Sakuishi voulait à tout prix que leurs appareils soient crédibles et c’est pourquoi il se servit uniquement de modèles réels qu’il reproduisit avec une précision chirurgicale. De plus vous noterez qu’à chaque concert, les Gibson, Fender et autres guitares, basses et batteries sont mises en valeurs à la manière de grands tableaux dans les musées. L’accent est mis sur le détail et l’on peut voir les cordes de guitare sonner et les cymbales vibrer tandis que les musiciens exultent. À travers cette mise en scène, on arrive à ressentir la musique du manga et ce, sans même l’entendre.
Beck prend également le parti de nous faire suivre ses personnages dans le temps, Yukio ayant 14 ans au début du manga et environ 21 ans à la fin. Un système permettant de mieux suivre le développement des personnages et surtout du héros qui va briller par son réalisme notamment pour les plus jeunes. Ces derniers se sentiront davantage proches de Yukio car comme beaucoup d’ados dans le monde, il est en proie à un certain mal-être et ne sait pas vraiment dans quelle direction il va. En quête d’identité, la grande aventure humaine qu’il va vivre l’amènera à des moments-clés qui bougeront ses certitudes et le faire grandir. Ses forces et ses failles font de Yukio quelqu’un d’attachant que l’on a envie de suivre avec son groupe. Enfin, ce manga présente également sans détour le dureté du show business et tous les tracas que peuvent rencontrer les artistes telles que les fins de mois difficiles, les rivalités entre groupes concurrents, etc. De nombreuses références parsèment le récit et l’auteur a ainsi reconnu que Beck était en partie inspiré des Red Hot Chili Peppers ( notamment la similitude entre le bassiste Taira et Flea) tandis que d’autres clins d’œil sont plus subtils.
« Une guitare, c’est comme si l’humanité s’exprimait en six cordes »