L’alchimie créative chez Kana avec Federica Di Meo et Cab, les mangakas d’Oneira
Crédits : Federica Di Meo et Cab

L’alchimie créative chez Kana avec Federica Di Meo et Cab, les mangakas d’Oneira

Le 17 juin 2022, Kana libérait pour les lecteurs français un nouveau monde rempli de créatures tirées de nos plus sombres cauchemars, des monstres terrifiants que la mystérieuse guerrière Arane Heos s’est donnée pour mission d’éradiquer. Destiné à un public averti, le manga Oneira verra son quatrième tome sortir en novembre 2023 et a réussi le pari de bâtir une solide communauté de fans autour de lui en à peine plus d’un an. Tout cela n’aurait pas été possible sans l’harmonie de son tandem formé par Federica Di Meo en charge des dessins et de Cab qui s’occupe de l’histoire. Aujourd’hui, découvrez-en plus avec le Mag’ison sur la manière de créer une œuvre cauchemardesquement intéressante !

Cab et Federica Di Meo échangent, les idées fusent. Malgré leurs 10 ans d’écart, ils affichent une grande complicité et leur “couple” franco-italien fonctionne à merveille. Federica est originaire d’Italie et elle a toujours dessiné, cependant elle ne se prédestinait pas à une carrière de mangaka, d’autant plus que cette vocation était inexistante en Europe durant son adolescence au début des années 2000. À force que des proches lui fassent des commandes de dessins, elle a fini par vouloir se lancer entièrement dans cette carrière et a affûté sa technique et le niveau de détail de chacune de ses planches, ce qui lui valu de travailler sur différentes œuvres comme The Lapins Crétins : Luminys Quest. De son côté, le Français Cab a toujours aimé raconter des histoires et affirme s’être beaucoup entraîné afin d’être plus familier avec les rouages et les mécaniques pour bâtir une histoire cohérente et bien construite. Une fois que le jeune homme eut soumis l’idée à son éditeur, il fallut trouver un dessinateur et il souhaitait que ce soit une femme car à son sens, l’histoire est résolument féministe et on suit l’évolution de la relation mère-fille entre Arane (l’héroïne) et sa fille Venus. Au terme d’une sélection, c’est le profil de l’artiste italienne qui fut retenu pour se lancer dans cette grande épopée de Dark Fantasy. Depuis le début de leur collaboration en 2018, les deux artistes se sont accordés sur un processus créatif pour avancer sur les pages que nous a décrit Cab.

« Mes scripts sont toujours comme des scripts de films, une sorte de storyboard avec toutes les indications de plan, d’émotions, etc. La règle est simple : si elle trouve ce que je fais cohérent, alors elle peut le dessiner. Parfois elle fait des petits ajustements et moi aussi quand je reçois les dessins. Par exemple, si c’est une scène importante, on peut un peu modifier l’angle pour mettre en valeur ce qu’on veut montrer des personnages. Federica est la première lectrice du scénario et moi je suis le premier lecteur du manga. On échange beaucoup et à chaque fois, on fait en sorte de bien définir l’essence de chaque page pour lui donner sa forme. »

 

Pour les deux amis et collaborateurs, les blocages créatifs arrivent rarement et ne sont pas un souci puisqu’ils savent comment les contourner. Federica confesse par exemple qu’elle peut éprouver des difficultés si elle doit dessiner un personnage avec une émotion très douce alors qu’elle-même ressent des émotions contraires comme de la colère. Dans ce cas de figure, elle prend le temps de s’aérer l’esprit en se déconnectant de son travail et en faisant une activité qui n’a rien à voir pour revenir plus forte avec de nouvelles perspectives. Cab, quant à lui, a rarement le syndrome de la page blanche. En revanche, ce qui lui donne parfois du fil à retordre est la manière avec laquelle il doit répartir les informations et comment bien les distiller au fil de chaque tome. L’auteur raconte aussi bien réussir à entendre la voix de ses personnages et nous explique que le fait de réfléchir à voix haute lui permet de regrouper ses idées. Enfin, les dessins que lui envoie Federica lui donnent à chaque fois de l’inspiration car le fait de voir grandir sous ses yeux le monde qu’il a imaginé stimule sa créativité. D’ailleurs, ce qui lui importe le plus avec Oneira est de faire en sorte que ce soit un récit dans lequel les lecteurs puissent s’embarquer et s’attacher aux personnages. Quant à Federica, les aspects du manga qui lui plaisent le plus à dessiner sont les personnages féminins attachants, les corps humains, les émotions ou encore les moments de silence. La combinaison des talents de ces deux mangakas a permis à de nombreux otakus de les découvrir dans différentes conventions cette année et la précédente. Des souvenirs en or qu’ils ne sont pas prêts d’oublier !

« Ce que j’adore, c’est l’idée de créer un voyage ensemble. J’essaye chaque jour de faire quelque chose de bien dans mon travail et je suis heureuse de faire ce que je fais. Quand on est heureux, le lecteur va le ressentir ! » nous raconte Federica l’air enjouée.

Cab se montre également ému et fier :

« Au début, j’écrivais tout seul. Et puis un éditeur s’est greffé au projet, suivi d’une dessinatrice et de tout un tas de personnes avec qui on veut faire le meilleur d’Oneira. Un jour, une femme est venue en pleurant me voir en disant que le fait que l’héroïne Arane soit homosexuelle lui avait permis de faire son coming out. J’ai trouvé cela merveilleux que l’on ait pu donner autant de courage à quelqu’un grâce à notre manga ! »

Une belle histoire qui va encore continuer de s’écrire puisqu’il faudra encore au moins 10 tomes pour conclure l’histoire d’Oneira, manga traitant de cauchemars mais qui s’apparente plus pour ses auteurs à une épopée de rêve !

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