Dans de nombreux shōnens, on en revient souvent au même point : la quête de puissance pour pouvoir vaincre ses adversaires au cours d’affrontements. Mais quid des lecteurs qui, au lieu d’avoir des modèles de combattants, souhaiteraient avoir le point de vue de personnes de tous les jours avec des objectifs plus réalistes ? Car tout le monde ne rêve pas de devenir le plus fort du monde ! Avec son œuvre Dys, le mangaka belge Moonkey a signé un véritable OVNI qui se centre sur un autre questionnement : “qu’est-ce vraiment qu’un homme important dans la société actuelle ?” Direction le pays des frites pour vous présenter une histoire qui a beaucoup inspiré ses contemporains !
Le 25 janvier 2006 sortait en Belgique le premier des quatre tomes de Dys imaginé par Sébastien Daumerie, plus connu sous son pseudonyme de Moonkey (à ne pas confondre avec Monkey D. Luffy !). Cet auteur d’origine belge a à l’époque littéralement révolutionné la scène manga européenne puisqu’à l’époque, ce genre d’écrits se retrouvait exclusivement au Japon. À l’époque, il est l’un des premiers à sortir son manga sur le continent avec Reno Lemaire, l’auteur de Dreamland, qui a lui aussi sorti son œuvre le 25 janvier également chez Pika Éditions. Bien que le public n’avait pas l’habitude qu’un artiste non-japonais crée un manga, Dys reçut un bon accueil de la part des professionnels du milieu et des lecteurs. Cependant, si son travail a autant séduit, ce n’est pas le fruit du hasard. En effet, Moonkey avait déjà le goût de la bande dessinée dès son plus jeune âge. À 8 ans, il avait créé Spori, sorte de magazine amateur qui reprenait le concept de la revue jeunesse Pif Gadget et qu’il vendait dans la cour de son école. Dessinant seul, il crée de nombreux styles d’histoires, affine son style et sa narration. Se nourrissant autant de bandes dessinées franco-belges que de mangas ou même de comics, il prend ce qu’il y a de mieux à prendre dans ces 3 piliers de styles et créer son propre style hybride. Après avoir attiré l’attention de cadors japonais, le Belge est même recruté afin de travailler pendant deux ans au compte de Dynamic Planning, qui est la société de Go Nagai en tant qu’adaptateur graphique sur de nombreux mangas japonais.
Pour ce qui est de Dys, le manga est un slice of life présentant l’histoire de Max, un jeune homme venant de sortir de l’école sans diplôme et qui se retrouve confronté au monde du travail et des adultes. Celui-ci ne rêve que d’une chose : prouver sa valeur à ses amis mais surtout à son père, qui le considère comme un raté. Pour cela, il décide de devenir « un homme important » et se posera des questionnements sur le sens qu’il donne à cette expression…
Aujourd’hui, ce titre paraît toujours aussi pertinent car les thèmes qu’il aborde sont plus que jamais au cœur de l’actualité. La jeunesse est en plein doute sur son avenir, ses perspectives d’évolution et beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes se retrouvent écrasés sous le poids du système. Comment pallier cette précarité ou savoir si jeune dans quelle direction orienter sa vie ? Moonkey apporte au fil des pages de nombreuses pistes de réponse que les lecteurs peuvent explorer à leur gré en s’identifiant à Max, qui n’est pas un héros fantasmé comme on a l’habitude de voir mais bel et bien un monsieur Tout-le-monde. Les codes graphiques du manga japonais sont bien présents bien qu’ils soient adaptés en version occidentale et permettent aux lecteurs habitués aux œuvres nippones de ne pas se sentir trop dépaysés.
Dys, un hymne aux questionnements de l’entrée dans la vie active qui aura tout intérêt à être dans votre mangathèque !