Vie mouvementée pour une mère et sa fille en Corée
Crédits : Casterman

Vie mouvementée pour une mère et sa fille en Corée

“Histoire Couleur Terre”, un nom mystérieux pour ce manhwa en trois tomes écrit par Kim Dong-Hwa centré sur un duo mère-fille devant braver les préjugés et la dure réalité du monde qui les entourent. La mère est veuve et exploite un modeste restaurant dans un village rural de la Corée profonde tandis que sa fille Ihwa la soutient et connaît ses premiers émois amoureux. Retour vers le passé à la découverte de ce slice of life poignant !

Kim Dong-Hwa figure incontestablement parmi les sommités de la bande dessinée sud-coréenne. Né en 1950 à Séoul, cet auteur sud-coréen démarra sa carrière en 1975 avec son titre Mon Ciel Bleu et se spécialise rapidement dans le genre sunjung, l’équivalent du shojo japonais. Après avoir expérimenté divers styles et rédigé plusieurs contes, il s’intéresse tout particulièrement aux sujets plus adultes et se fait connaître du public francophone en 2005 avec la publication du premier tome de La Bicyclette Rouge, avant de débuter l’année suivante l’œuvre dont nous parlons aujourd’hui, à savoir Histoire Couleur Terre.

Si l’expérience provoquée par la lecture de ce titre est unique, c’est par la richesse des thèmes qu’il arrive à développer en seulement trois tomes, à commencer par la liberté et l’acceptation du regard d’autrui. Tout au long du récit, la mère de famille est confrontée aux ragots et à la médisance des villageois du fait de son statut de femme de naissance modeste et de veuve ainsi que par son attitude. En effet, outre le fait qu’elle fasse commerce d’alcool et de nourriture, occupation jugée comme indigne dans la Corée du début du XXe siècle, c’est son comportement de femme libérée qui ne passe pas. Les gens qui l’entourent voudraient qu’elle porte le deuil en permanence alors qu’elle-même a beaucoup souffert et cherche à avancer tout en respectant la mémoire de son défunt époux. De plus, son refus de vendre sa fille unique Ihwa est pointé du doigt car c’est une pratique courante pour les veuves dans sa situation. Comme réponse cinglante à toutes ces personnes qui souhaitent diriger sa vie, la mère ne fait qu’une chose : passer encore plus de temps à vivre des moments complices avec sa fille ! Rien ne peut les séparer et la tendresse qui caractérise leur relation se retrouve partout dans le manhwa.

Contrairement aux mangas récents dotés d’un rythme effréné, Kim Dong-hwa laisse dans son histoire une grande place à la contemplation. Il utilise de nombreuses métaphores en lien avec la nature quand il parle entre autres des plantes, qui sont le symbole de la féminité, ou encore de la pluie pouvant évoquer la renaissance. Cette atmosphère poétique est renforcée par les dessins réalisés à l’encre de Chine qui apportent aux personnages des traits fins et expressifs et aux paysages une dimension embellie par rapport à la réalité. Enfin, le fait de voir le couple d’héroïnes vieillir nous fait nous attacher à elles et leurs longues conversations à propos de l’amour et de la vie nous donnent une impression très intimiste, comme si nous étions à leurs côtés.

Histoire Couleur Terre, un incontournable des manhwas pour quiconque souhaite lire une histoire courte où les protagonistes sont des battantes !

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